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L’économie sociale et solidaire, source d’inspiration

Publié le 11 Juil 2022

Temps de lecture : 4mn

Irène Scolan

Associée KPMG - Economie Sociale et Solidaire & RSE

L’évolution de la réglementation, les nouvelles entreprises à mission et la baisse des financements publics poussent les entités de l'Économie Sociale et Solidaire (ESS) à redéfinir leur projet stratégique pour continuer à être des acteurs de l’innovation sociale. Elles restent une importante source d’inspiration dans la valorisation de leurs activités et de leur impact social. Analyses et perspectives avec Irène Scolan, Expert-Comptable Associée, Expert Économie Sociale et Solidaire, Santé, Secteur Public chez KPMG.

Le secteur de l’ESS représente 10 % du PIB et son poids économique ne cesse d’augmenter, est-ce un secteur en plein boom ?

En effet, l’ESS compte actuellement plus de 200 000 entités employeurs, ainsi que 2,38 millions de salariés et 13 millions de bénévoles. Mais ce secteur, qui représente 10,5 % de l’emploi en France (14 % de l’emploi privé), a toujours existé ! En revanche, il est en perpétuelle mutation et continue à se structurer (regroupements, mutualisations, place dans le débat public, etc.). Il bénéficie de davantage de visibilité, notamment depuis la loi Économie sociale et solidaire de juillet 2014. En ce sens, on assiste plutôt à un changement d’échelle.

Ce n’est donc plus une économie alternative, mais un véritable pilier de l’économie ?

L’ESS est une manière spécifique d’entreprendre. Elle n’est plus cantonnée à être un « tiers secteur », c’est une vraie source d’inspiration pour l’ensemble des acteurs économiques et publics. Ainsi, le législateur a récemment modifié la définition des entreprises et renforcé leur rôle social et environnemental : la loi PACTE leur permet dorénavant d’ajouter une raison d’être dans leur objet social, voire une mission. L’ESS se définit par ses valeurs, ses modes d’organisation et ses missions. Elle est complémentaire des autres acteurs économiques et est souvent source d’initiatives et d’innovations.

L’ESS est-elle, selon vous, trop réglementée ?

De nombreuses entités de l’ESS reçoivent des fonds publics ou des fonds issus de la générosité du public, c’est donc tout à fait normal que le secteur soit réglementé. Mais il est vrai qu’il subit une certaine instabilité, tout comme d’autres secteurs… C’est pourquoi les professionnels doivent rester en veille et suivre l’actualité législative. Dans le secteur de l’ESS, il existe un devoir de transparence. La communication financière y est essentielle pour rassurer, rendre des comptes et prouver que les ressources demandées sont en cohérence avec les actions menées.

À quelles problématiques particulières les acteurs de l’ESS sont-ils confrontés ?

Le premier enjeu, c’est la clarification de leur projet stratégique. C’est à partir de l’affirmation de leur projet, de son appropriation par la gouvernance, ses salariés et ses membres, et par sa communication auprès de ses parties prenantes que leurs réponses pourront être apportées aux opportunités nouvelles et aux menaces éventuelles. Face à une réglementation qui pousse à la concentration, face à de nouveaux entrants, à la nécessaire diversification de leurs sources de financement, à des philanthropes, donateurs, mécènes ou fonds à impact qui veulent comprendre l’utilisation des financements octroyés, les entités de l’ESS doivent reconsidérer leur modèle économique, leur organisation et leur communication financière.

Les réponses et surtout les questions sont multiples : comment faire évoluer sa gouvernance ? Comment saisir les opportunités législatives ? Comment choisir ses partenaires privés ? Comment trouver de nouvelles sources de financement ? Les acteurs de l’ESS ont intérêt à s’emparer de ces sujets essentiels s’ils ne veulent pas subir mais rester, au contraire, des leaders inspirants répondant aux aspirations actuelles de la société.

Comment, dans ce contexte, arriver à concilier encore performance économique et impact social ?

Dans le secteur de l’ESS, la performance économique est au service de l’intérêt général. La nécessaire poursuite d’une pérennité économique permet d’assurer ses missions d’intérêt général à court, moyen et long terme. Cependant, l’articulation entre les deux est devenue plus complexe aujourd’hui. Afin de conserver cet équilibre entre performance économique et impact social, les acteurs de l’ESS sont obligés de faire des choix en termes de sources de financement, de développement ou d’abandon d’activités, d’optimisation de leur performance et de leur organisation interne, et de rapprochement (alliances, coopérations, mutualisations) avec d’autres acteurs.

Face à ces enjeux, quelle approche adoptez-vous pour les accompagner au mieux ?

L’ESS rassemble différentes typologies de clients : associations, fondations, fonds de dotation, entités d’intérêt général, acteurs de l’habitat social, mutuelles, coopératives, etc. qui agissent eux-mêmes dans des secteurs très variés, mais partagent tous un but d’intérêt général ou d’utilité sociale. En raison de cette diversité et pour pouvoir les accompagner au mieux, nous avons fait le choix de spécialiser nos experts (répartis sur l’ensemble du territoire, y compris les DROM-COM) selon des dominantes sectorielles, gage de proximité et de compréhension de leurs enjeux.

De plus, nous disposons de référents ayant développé une expertise spécifique : fiscalité, audit de fonds, mesure de l’impact social, construction d’outil de pilotage, accompagnement stratégique et refonte du projet associatif, mutualisations et regroupements, diagnostic organisationnel… Cette approche nous permet d’accompagner nos clients tout au long du cycle de vie de leur structure, de répondre à leurs besoins lors d’événements exceptionnels et ainsi de contribuer à leurs succès.

Source des chiffres : Observatoire national de l’ESS – CNCRES