La pression sur les épaules des dirigeants de TPE et PME de santé s’est intensifiée en 2023 et tend à s’installer durablement
Publié le 05 Sep 2024
Temps de lecture : 5mn
Médecins généralistes, pharmaciens, dentistes, transporteurs sanitaires, kinésithérapeutes, orthophonistes, infirmiers libéraux, vétérinaires…
Tous les professionnels de santé de ville sont confrontés quotidiennement à un triple défi : celui de garantir l’accès au soin, en optimisant, sans cesse, la qualité et la sécurité de ceux qu’ils prodiguent, tout en améliorant leur efficience opérationnelle et économique.
Le tout sans négliger les conditions de travail dans lesquelles ils exercent. De nombreux enjeux d’ordre structurel, auxquels s’est ajouté le contexte difficile de reprise post-Covid.
Comme en atteste les derniers chiffres publiés par la Banque de France : alors que les défaillances d’entreprises étaient tombées à des niveaux historiquement bas en 2020 et 2021, elles ne cessent d’augmenter depuis 2022 et la fin des aides que l’État avait mises en place pour soutenir les entreprises pendant le confinement.
Si les professionnels de santé de ville libéraux sont très peu concernés par les défaillances, des secteurs sont particulièrement fragilisés, on pense notamment aux petites officines.
Dans ce contexte, comment les TPE et PME de santé, acteurs incontournables de la qualité et de l’efficacité du système de santé, peuvent-elles rester compétitives ?
Quelles solutions peuvent-elles mettre en place pour surmonter les défis de trésorerie tout en continuant d’investir pour la sécurité et la santé de tous ?
Entre responsabilités administratives, financières et cliniques, le casse-tête des professionnels de santé
L’inflation, un frein à la dynamique d’investissement
Pour ces acteurs urbains, les charges liées au personnel, à la location des locaux, aux assurances professionnelles et à l’achat de matériel ont explosé. Les transports sanitaires, pour ne donner qu’un exemple, ont vu le poids du gazole dans leur chiffre d’affaires augmenter de 23% en 2022, puis le prix des véhicules et leur financement de 15 % en 2023 selon l’Observatoire du Transport Sanitaire KPMG.
Ces coûts supplémentaires obligent certains à suspendre des projets d’investissement indispensables pour l’amélioration des soins et de la sécurité pour l’ensemble des acteurs du secteur (achat de logiciels de gestion des dossiers médicaux, d’équipements de diagnostic, de cabines de téléconsultation, etc.).
Des métiers difficiles, qui peinent à séduire, notamment en milieu rural
Le sujet du recrutement est également une problématique majeure, tous métiers confondus : les petites structures peinent à attirer et à retenir les talents, notamment en milieu rural. À ces difficultés de recrutement s’ajoutent celles des départs en retraite massifs et leurs conséquences.
À titre d’exemple, selon le panorama au 1er janvier 2024 de la démographie des pharmaciens publié par l’Ordre National des Pharmaciens, 5 000 pharmaciens partiront en retraite d’ici 3 ans.
Des bouleversements constants et profonds en matière de législation de santé
Enfin, la gestion des flux de trésorerie reste une préoccupation d’ampleur pour les TPE et PME. Les délais de paiement des organismes de sécurité sociale et des assurances santé peuvent causer des problèmes de liquidité, rendant difficile la gestion quotidienne et la planification à long terme.
L’évolution de ces professions est également marquée par des réformes majeures, comme le 100 % santé en optique, qui a modifié les modalités de remboursement et impacté la gestion financière des opticiens.
Nos dernières moyennes professionnelles optique affichent une baisse de l’excédent brut d’exploitation retraité de la rémunération des dirigeants de plus de 3%.
Face à un contexte structurel et conjoncturel aussi difficile, comment les acteurs de santé de proximité peuvent-ils repenser leur offre et optimiser leur gestion ?
Notre dernière étude « Moyennes professionnelles pharmacies », qui concerne les officines, montre que l’EBITDA (excédent brut d’exploitation retraité) a chuté de 22 % en moyenne en 2023, un indicateur clé qui reflète leur rentabilité.
Pour Emmanuel Leroy, lead national santé chez KPMG France, « cette baisse de l’EBITDA est une forme d’alerte pour le secteur, pas une fatalité : la rigueur de gestion est une exigence. Des dispositions doivent être prises, le pilotage juridique et fiscal doit être optimisé.
Chez KPMG, nous aidons nos clients à faire faire dans une logique d’amélioration et de simplification continue de leur gestion. Les accompagner, c’est leur offrir la possibilité de se consacrer pleinement à leur patientèle, tout en pérennisant leur rentabilité ».
Pour ces structures de santé des solutions existent afin de leur permettre de se consacrer pleinement à leur cœur de mission : garantir un accès continu et équitable à des soins de qualité, sur l’ensemble du territoire.
Diversifier les services proposés, pour accroître sa rentabilité
Les professionnels de santé de proximité voient leur métier évoluer vers une diversification des services proposés. Par exemple, les pharmacies proposent de nouvelles missions comme le dépistage de certaines pathologies, le suivi des maladies chroniques ou encore la téléconsultation d’un médecin à l’officine. Les cliniques vétérinaires proposent des services additionnels comme la nutrition animale et les soins préventifs.
Cette adaptation permet non seulement de répondre aux nouveaux besoins de leur patientèle, mais aussi de stabiliser financièrement leur structure.
Améliorer sa compétitivité en comptant sur les fonds d’investissement
Selon Marc Basset, lead national conseil marché PME chez KPMG, ces opportunités peuvent relever par exemple de l’arrivée au capital de fonds d’investissement : « leurs objectifs financiers semblent souvent éloignés des contraintes des professionnels de santé et pourtant, les avantages de leur montée au capital sont nombreux : acheter, par exemple, des équipements plus modernes, permettant aux professionnels de repenser leur pratique de manière innovante, mais aussi de faire des économies ou de gagner du temps ».
En somme, l’arrivée de fonds d’investissement aide à renforcer la pérennité et la compétitivité des petites structures de santé.
S’entourer d’experts en gestion, capables de délivrer des conseils adaptés à sa profession et ses contraintes spécifiques
Pour aiguiller les professions de santé dans leurs choix business, des études telles que les « Moyennes Professionnelles » que nous publions annuellement sont éclairantes Les ratios clés du secteur, les bouleversements de l’année écoulée et ceux à venir, ainsi que les opportunités de développement à saisir y sont consignés par profession.
Il est par ailleurs recommandé de faire appel à des experts capables de délivrer des conseils sur-mesure, adaptés aux contraintes spécifiques des métiers et des territoires. Cent collaborateurs sont ainsi dédiés au secteur de la santé chez KPMG, disséminés sur l’ensemble du territoire afin de proposer des solutions adaptées aux contraintes réglementaires de certains départements et notamment des outils de pilotages essentiels aujourd’hui aux chefs d’entreprise du secteur.
En Île-de-France, les pharmaciens doivent, par exemple, se conformer à des normes strictes concernant la gestion et l’élimination des déchets médicaux. Cela s’explique par la densité de population et la concentration des établissements de santé dans cette région.
Autre exemple, dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, les infirmiers peuvent être tenus de suivre des programmes de formation continue plus intensifs en raison de la diversité démographique et des flux touristiques élevés de la région.
Partager sur :